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En cherchant une image pour illustrer mon article, j'ai découvert que La Fontaine avait écrit une fable avec un souriceau, un coq et un chat. Le souriceau y apprend qu'il faut se méfier des apparences : du chat doux et gentil qui lui ressemble ou du coq hautain et agressif si différent de lui, le plus dangereux n'est pas celui qu'il croit...
Le coq et la souris
Un coq dans la basse-cour se pavanait.Une souris de son abri l'admirait.
Elle espérait que le beau volatile
Une plume dorée en souvenir lui donnerait.
Depuis des jours elle n'osait s'approcher,
Quand vint le moment de se rendre utile.
Le coq se prit les pattes dans un filet.
En vain il chercha à s'en échapper :
Plus il bougeait, plus les liens se serraient.
Les poules caquetantes ne pouvaient l'aider.
Dans les mailles, le coq se trouva noyé
Des pattes jusqu'au cou, prêt à s'étrangler.
Souris arriva pour le secourir.
L'orgueilleux, la toisant, se mit à rire :
— Tu es minuscule, ridicule, fluette.
Je sortirai seul de ce piège, t'inquiète.
— Puisque c'est ainsi débrouille-toi sans moi.
Je vais regarder de loin tes exploits.
Le coq toute la nuit sans fin batailla.
Au petit matin, il était bien las.
— Souris viens m'aider, j'ai besoin de toi !
— J'attends des excuses, je ne bouge pas.
— C'est hors de question. M'excuser pourquoi ?
Je n'ai dit que la vérité sur toi.
Voyant que jamais il ne céderait
La souris laissa le coq emmêlé.
On a besoin d'un plus petit que soi
Aurait dit le lion qui était un roi.
Le coq refusa toujours de le dire
Et dans son filet finit par mourir.
Moralité
Tout être puissant, fier et vaniteux,
Entouré de faibles, de doux, de peureux,
Doit accepter l'aide qu'ils peuvent apporter.
Chacun dans le monde a un rôle à jouer.
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Les dialogues (vidéo de David Meulemans)
La mise en forme des dialogues est faite par l'éditeur ou l'éditrice. Si on veut faire un travail de qualité, on peut regarder dans un roman pour voir comment sont présentés les dialogues (par exemple, un roman des éditions de minuit).
Pour l'auto-édition, la correction ortho-typographique, on peut se procurer le lexique des règles typographiques en usage à l'imprimerie nationale.
Le premier conseil de réécriture des dialogues est de tester les mots à l'oral en lisant les dialogues à haute voix.
Concernant l'écriture du premier jet de dialogues qui fonctionnent : David livre une anecdote inspirée de La formation de l'acteur de Constantin Stanislavsky, auteur russe qui est à l'origine indirecte de la Méthode, méthode de jeu développée par l'Actors Studio.
Le métier du comédien est de produire des apparences mais en se concentrant sur un processus de fond ; les apparences découleront de ce processus de fond.
Quand on se lance dans l'écriture de dialogues, il faut oublier son passé scolaire qui classe la littérature en trois catégories : roman, policier, théâtre. En fait, le théâtre n'est pas de la littérature, il appartient au spectacle vivant. Le texte de théâtre n'a pas le même statut que le texte de roman : il est comme une partition de musique. La partition n'est pas la musique.
Il faut se concentrer sur ce qui est en amont du dialogue. Pour que la partie visible de l'iceberg (le dialogue) fonctionne, il faut que la partie invisible soit bien construite.
Les êtres humains ne disent pas ce qu'ils pensent et ne pensent pas ce qu'ils disent. Beaucoup de dialogues sont plats car les personnages disent ce qu'ils pensent.
Première clé d'analyse : quels sont les personnages présents dans ce dialogue ? Quels sont leurs attitudes et leurs natures ? Quelle est l'interaction entre les personnages : quel est l'enjeu dramatique de la scène ?
Il faut qu'il y ait un enjeu dramatique, une évolution entre le début et la fin de la scène.
La clé de réécriture comporte donc trois conseils :
1. être sûr que les personnages sont construits,
2. vérifier qu'il y a bien une fonction dramatique dans la scène,
3. tester oralement si les mots sont justes (et ils le seront si les personnages sont bien construits).
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Vidéo n°5 de Martin Winckler : l'engagement de l'écrivant
On écrit pour soi, parce que ça nous permet d'exister, d'exprimer.
On écrit pour se montrer aux autres, pour dire qui on est.
On écrit pour séduire, ou pour se cacher, ou pour séduire en se cachant.
On écrit pour partager des réflexions, du savoir, des histoires.
Pour prolonger sa langue, des paroles, une mémoire.
On écrit le plus souvent sans savoir si on sera lu.
On écrit beaucoup sur soi, et pour soi. Sur soi quand il n'y a personne d'autre pour nous lire.
Ça devient différent quand d'autres choisissent de nous lire.
L'éditeur est le premier lecteur, c'est celui qui va défendre le livre. C'est quelqu'un de très précieux, quand il fait bien son travail. Son intérêt, c'est faire connaitre ce texte au plus grand nombre de gens possibles.
On écrit aussi pour le lecteur que nous sommes.
Ce qui est reçu par les autres ne relève pas de nos désirs ou de nos intentions. Écrire dans la perspective d'être lu, c'est donc toujours un risque. On peut ne pas plaire, choquer... Le texte ne produit rien de nouveau chez le lecteur, il fait vibrer, résonner, des idées que le lecteur avait déjà. On écrit pour faire vibrer les émotions des autres.
On écrit aussi parce qu'on aime lire et "faire la lecture" aux autres (être la voix qui lit dans la tête du lecteur). Pour produire des histoires qui seront porteuses de savoir et de réflexion. Posséder le savoir donne des privilèges extraordinaires.
C'est important pour certaines personnes de savoir qu'elles sont lues (messages qui sont comme une sorte d'autobiographie).
Aujourd'hui, beaucoup de gens peuvent tenir un blog. L'écriture devient une conversation.
Écrire se fait de manière réflexive, horizontalement.
On est pas seulement responsable de ce qu'on écrit, on est solidaire de ce que les autres écrivent en réponse à ce que nous écrivons. On est solidaire de ce qu'on a stimulé chez eux.
Tous les écrivants ont une responsabilité morale. Il faut toujours garder à l'esprit qu'on va provoquer quelque chose chez le lecteur, et ce que l'on provoque, on doit accepter de l'entendre. Pareil que quand on fait à manger à quelqu'un chez soi, qu'il fait un commentaire négatif car il n'aime pas. Ca ne veut pas dire qu'on a mal fait son travail, mal cuisiné ; c'est juste qu'on ne peut pas faire plaisir aux autres tout le temps.
On peut avoir des commentaires négatifs, mais on ne peut pas contrôler ce que les gens vont ressentir. On peut essayer de l'entendre, pour qu'ils sachent qu'on les a entendus. On leur montre qu'on est leur égal, qu'on peut les écouter. Ne pas l'entendre comme une expression ou un rejet de nous, mais comme une expression de ce que eux ou elles sont.
Écrire un peu, préparer mais toujours être capable d'aller au-delà de ce que l'on a préparé.
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Vidéo n°4 de Martin Winckler : construire son histoire
Construire une histoire
C'est construire le labyrinthe dont on se propose de sortir et dans lequel le lecteur va nous suivre pour l'explorer à son tour. Il lui faut reconstituer le puzzle pour comprendre ce qu'est la vérité en ayant associé toutes les pièces.
L'un des meilleurs moyens d'apprendre à construire une histoire est de regarder comment sont faites les télé-séries : chaque saison est comme un roman dont chaque épisode serait un chapitre. Il faut que le spectateur ait envie de connaitre la suite.
L'un des moyens employés dans les séries, c'est de découper l'action en plusieurs histoires : histoire A (histoire principale) et histoires secondaires (B, C) qui vont concerner un personnage secondaire pas directement lié à l'histoire principale. On découpe les histoires et on les intercale. On fait ainsi des digressions répétées sur l'histoire principale. On donne 3 fois plus d'intérêt au récit : le spectateur est intéressé par au moins une des trois histoires.
L'idéal, le plus accompli, est quand les 3 histoires sont interconnectées, comme dans le premier roman de Richard Powers : "Trois fermiers s'en vont au bal".
Dans ce livre, ABC ABC... = trois récits situés sur 3 plans de narration différents.
A est un récit à la première personne d'un personnage qui trouve une photo ; B est l'histoire des personnages qui sont sur la photo ; C est un récit à la troisième personne, qui parle d'un autre personnage ; on ne sait qu'à la fin ce que ce personnage vient faire là, on peut alors relier les trois histoires.
Le narrateur : qui raconte l'histoire ?
Le choix du narrateur peut permettre de raconter l'histoire d'une façon totalement inédite. Dans le roman "La vacation", l'histoire commence par "Tu es en retard" : le narrateur est extérieur à l'histoire ; on ne connait son identité qu'à la fin et cela donne un sens supplémentaire à l'histoire.
Dans "En souvenir d'André" : on sait qui raconte (le personnage principal : Emmanuel) mais on ne sait pas à qui il raconte, pourquoi il raconte.
Film "The princess bride" : jeu sur la narration / le livre joue avec les codes de la narration.
Nouvelle de Boris Vian : "Les fourmis". Le titre semble ne rien avoir à faire avec le contenu... jusqu'à la fin. Idem dans "Le naufrage du stade Odradek" de Harry Mathews.
Des petits bouts qui à la fin forment un ensemble
Un roman ne doit pas être vu comme un ensemble déjà terminé mais comme un ensemble de fragments. Le travail de l'écrivant : écrire chaque fragment puis agencer les fragments et choisir ceux qui vont participer à la grande image finale (comme les portraits "mosaïques" constitués de plein de petites images). Au fur et à mesure de l'écriture, on peut réviser ce que l'on a écrit, supprimer un chapitre qui nous emmène sur une voie que l'on ne veut pas développer, ou au contraire développer une voie qu'on avait évoquée mais que l'on n'a pas continuée.
Il faut être modeste et travailler par fragments. Avoir des objectifs réalistes est ce qui apporte le plus à notre travail (image du marathon : commencer par des courtes distances). Écrire beaucoup de petits textes qu'on va ensuite organiser ; ça finira par faire un roman.
Exercice 4
Écrivez en dix lignes un premier résumé de votre histoire, en distinguant trois moments: l'exposition (où l'on met en place le récit), le développement (où le héros vit des péripéties) et la résolution (où la question dramatique du début est résolue). Bien sûr, ce plan sera révisé, revu, lors de l'écriture. Mais cela peut vous aider à découper votre travail d'écriture en fragments. A vous de jouer!
Lisa mène une vie mouvementée : problèmes au boulot, difficultés à communiquer avec ses parents, insomnie, célibat qui lui pèse... Comment sortir de ce sentiment d'être constamment débordée ? Comment retrouver un peu de sérénité... et de sommeil ? Parcourant des magazines féminins, elle lit un article sur le désencombrement et ressent un déclic. Ranger son appartement pourrait-il l'aider à "y voir plus clair" dans sa vie ?
Lisa se lance dans son grand projet avec l'aide de sa meilleure amie. Elle découvre les sites d'annonces, les dons, tient un stand sur un vide-grenier pour la première fois de sa vie, et fait de nombreuses rencontres. En triant, elle met la main sur des objets qu'elle avait oubliés. L'un d'eux la rend mal à l'aise. La nuit suivante, elle fait un cauchemar où elle se revoit enfant. Elle veut comprendre ce qui s'est passé ce jour-là. Une seule solution : aller parler à ses parents.
Après avoir rencontré son père, Lisa sait quel est ce terrible secret qui l'étouffait. Son sommeil s'améliore. Elle trouve une énergie nouvelle, qui lui permet de poursuivre son projet. Son appartement devient plus sain, elle s'y sent mieux. Elle revoit un homme rencontré lors des ventes d'objets, se met à faire du sport... et ose s'exprimer pour se libérer de ses soucis de boulot. Finalement, elle fera une action symbolique qui marquera le début de sa nouvelle vie (ce sera la chute de l'histoire).
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Adaptation humoristique d'un célèbre conte... A lire sans modération.
C'est l'histoire d'une petite fille, d'un loup et d'une grand-mère.
Un dimanche, la petite fille va chez sa grand-mère pour lui porter un pot de beurre et la galette (l'argent). Dans la forêt, elle s'arrête pour cueillir des fraises des bois parce qu'elle adore ça.
Soudain, elle rencontre un loup qui aime, lui aussi, les fraises des bois. Ils discutent tous les deux. Le loup se révèle être végétarien, douillet, fumeur, dépourvu de sens de l'orientation, peureux... et blessé. Il a une entorse. La petite fille décide de l'emmener chez sa grand-mère pour qu'il se rétablisse.
La grand-mère, qui a fort caractère, s'occupe du loup. Elle l'héberge, le nourrit et le fait travailler. Il reprend peu à peu des forces et retrouve confiance en lui.
Le jour où le séjour du loup se termine, la petite fille vient fêter le départ. En arrivant, elle est surprise de voir des gendarmes devant la maison : ils surveillent l'intérieur en regardant par la fenêtre. Ils lui disent que le loup a dévoré sa grand-mère car il est allongé dans le lit. Il y a un napperon plein de sang par terre dans la chambre.
Bientôt, une tornade de coups s'abat sur eux. C'est la grand-mère, bien vivante... et très fâchée qu'ils aient écrasé ses salades ! Elle a couché le loup dans son lit parce qu'il s'est fait mal en tombant. Après avoir ramassé des fraises des bois, il est entré en passant par la fenêtre pour faire une surprise et s'est étalé dans la chambre. Le petit napperon rouge contient en réalité du jus de fraise, comme peuvent le constater les gendarmes quand la grand-mère les oblige à goûter.
Finalement, les gendarmes s'excusent et repartent. La grand-mère, le loup et la petite fille sont enfin réunis autour d'une tarte aux fraises des bois. Ils sont devenus amis et ne veulent plus se quitter. Alors, le loup décide de prolonger son séjour, pour le plus grand plaisir de tous. C'est si doux, une tête de loup !
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