• Rodden Eiland est le troisième roman de Bouffanges.

    Tout beau tout neuf, il est publié en auto-édition sur Amazon depuis le 23 juin.

     C'est l'histoire d'un vétérinaire-chirurgien, Édouard Hythlodée, qui n'aime ni son nom, ni sa vie puisqu'il est né malchanceux. Sa poisse légendaire va l'amener sur une île oubliée du Pacifique, suite à un accident d'avion dont il est le seul survivant.

    Édouard est donc un Robinson contemporain. Il va devoir survivre à l'accident, aux conditions climatiques et naturelles difficiles mais aussi (surtout ?) à la solitude.

    Le roman est partagé en trois parties, qui correspondent à trois époques différentes : l'accident, la vie sur l'île deux ans plus tard et la situation du chirurgien huit ans après. Dans chaque partie, l'auteur a choisi de changer le mode de narration, ce qui créé trois unités bien distinctes dans l'histoire et permet de renouveler l'intérêt et l'attention du lecteur. 

    La première partie, particulièrement intense, se lit d'une traite. Édouard est enfermé dans les toilettes de l'avion quand une avarie survient. Il perd connaissance et se réveille seul sur l'île, qu'il baptise Rodden Eiland et qu'il commence à explorer à la recherche d'autres survivants. On partage ses émotions, ses découvertes, ses sensations et on sourit en lisant ses questionnements futiles : qui va opérer le chien de madame Hacquard si les secours ne le ramènent pas rapidement à la clinique vétérinaire ?

    Deux ans plus tard, la vie sur l'île s'est organisée. J'ai aimé l'ingéniosité du naufragé, sa capacité à analyser toutes les situations pour leur trouver une solution pratique. Le revers de la médaille est que le personnage m'a semblé trop lisse, trop parfait, presque insensible. S'il y avait eu plus d'émotions, je m'y serais certainement attachée davantage.

    De la troisième partie, vous ne saurez rien. Je ne peux pas en parler car je ne veux pas dévoiler la chute, que j'ai adorée. On retrouve ici la magnifique aptitude de Bouffanges à écrire des nouvelles. Le lecteur sent que quelque chose "cloche", qu'il y a un élément qui lui échappe... Mais il doit attendre les toutes dernières pages pour découvrir le fin mot de l'histoire. La surprise finale est tout simplement excellente. Bravo !

    Je vous conseille vivement la découverte de ce roman qui est, selon moi, le plus réussi de l'auteur. C'est une lecture idéale pour l'été, même si vous n'êtes pas échoués, comme Édouard, sur une plage du Pacifique.

     

     

    Une petite citation pour finir :

    Car évidemment, j'ai fumé vingt-cinq ans de ma vie, et il a fallu que je me décide à arrêter pour de bon il y a deux mois. Je dois être le premier être humain à qui cesser de fumer risque fort de coûter la vie. Quelle décision idiote !

     

    Retrouvez l'auteur sur facebook : Bouffanges

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    Mise à jour du 27/01/19

    Didier Betmalle vient de publier sur son blog une chronique fabuleuse qui vous fera découvrir, bien mieux que je ne l'ai fait, toutes les facettes de ce roman.

     


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  • Comme promis ici, voici un premier article sur les auteurs indépendants.

     

    Bienvenue dans l’œuvre de Bouffanges, un auteur indépendant à l'univers riche et à la plume agréable dont le troisième roman, Rodden Eiland, vient de sortir : lien.

    J'ai découvert Bouffanges à travers ses nouvelles. 

    Pour l'Indé Panda n°1, il a proposé Votez Blanc ! l'histoire d'un homme nommé Noël Blanc qui se présente à l'élection présidentielle.

    Dans l'Indé Panda n°3, Bouffanges nous emmène aux jeux olympiques de Mexico en 1968. Sa nouvelle Altius, Citius, Fortius rend hommage à un acte historique : les poings levés de John Carlos et Tommie Smith sur le podium du 200 mètres. Ce geste symbolique, jugé scandaleux à l'époque, a marqué un tournant dans la lutte contre la ségrégation aux États-Unis.

     

    Fascinée par la construction de cette nouvelle, je me suis plongée dans son roman Triumvirat. Et je n'ai pas été déçue : Bouffanges laisse parler sa créativité en inventant un jeu, le Triumvirat, avec ses règles, ses joueurs professionnels et ses compétitions. Jacques, un joueur amateur, va rejoindre le circuit professionnel. Bénéficiera-t-il de la "chance du débutant" ? Saura-t-il gérer la pression, les relations avec les joueurs et les questions des journalistes, dans un monde où tout est permis ?

    Dans Triumvirat, Bouffanges créé son style : aux scènes ordinaires, il mêle des interviews, des articles de journaux, des mails, des pages d'un essai sur le Triumvirat, des conversations téléphoniques... Ces différentes pièces donnent à l'ensemble du récit la richesse et la magie d'un kaléidoscope.

     

    J'ai ensuite lu Zombies, un roman fantastique qui pose de multiples questions sur la relation de notre société avec la mort. Que se passerait-il si les morts revenaient à la vie ? Comment un gouvernement pourrait-il gérer ces nouvelles populations ? Les centres d'accueils qui apparaissent dans le récit ne peuvent manquer de nous évoquer la situation actuelle des migrants en Europe.

     

    Ce que j'aime dans les écrits de Bouffanges, c'est justement cette capacité à mêler le réel et l'imaginaire, à interroger le fonctionnement de notre société à travers des situations qui peuvent sembler anodines. Les phrases sont fluides, le style agréable et les personnages nombreux et bien construits.

     

    Dès sa sortie, je me suis donc précipitée pour lire Rodden Eiland, un récit digne de Robinson Crusoé, qui mérite une chronique de lecture à lui tout seul. J'y reviendrai dans quelques jours.

     

    Vous pouvez retrouver les interviews de Bouffanges sur le site de l'Indé Panda : ici (19 nov. 16) et  (9 juin 17).

     

    Et n'oubliez pas : l'Indé Panda, c'est gratuit ! N'hésitez pas à le télécharger sur votre smartphone. Dès que vous avez cinq minutes d'attente, hop, une petite nouvelle. C'est vite lu et ça change les idées !

     

     


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    L'horizon s'était doublé d'une ligne sombre. Fasciné, il ne pouvait détacher son regard de ce cheval qui approchait au galop. Sa course était régulière. Elle lui semblait lente, calme. C'était un mur aqueux qui avançait vers lui tranquillement pour submerger la plage et tout emporter. Il regardait ce spectacle comme s'il était au cinéma, confortablement installé et protégé par un écran. En 3D.

    Un souffle d'air humide l'enveloppa. Il tressaillit et le cauchemar devint réel. Subitement, son corps comprit. Il sentit ses tripes se serrer, broyées par la terreur. Il allait mourir. Sa poisse légendaire venait à nouveau de frapper. Pour la dernière fois. Victime d'un tsunami au milieu de l'océan Pacifique. Une fin anonyme, dérisoire, à l'image de sa vie.

    Alors son cerveau reptilien prit le relais. Son corps fit demi-tour, ses yeux s'attachèrent au point le plus haut de l'île : la falaise. Fuir ! Fuir pour s'y réfugier. Échapper à l'ennemi, sauver sa peau, se battre jusqu'au bout. Il ne capitulerait pas. Peut-être lui restait-il une ultime chance de survivre au cataclysme. Au sommet. Tout là-haut.

    Paralysé par la peur, son corps mit quelques dixièmes de secondes à réagir. Enfin, ses jambes commencèrent leur course effrénée. Il quitta le sable de la plage. Entra dans la forêt. Gravit le sentier de sable tiède. Jamais ses pieds n'avaient foulé le sol à une cadence si rapide. Il croisa des arbres familiers, dont les racines le firent trébucher. Il se releva, reprit sa course. Les poumons en feu, le souffle court, le cœur arraché par l'angoisse, il entendait le grondement dans son dos. C'était une masse énorme, menaçante. Un monstre prêt à le saisir pour l'emporter aux Enfers. Il percevait la puissance de l'eau, lancée sur lui par la colère divine. Il se focalisa sur ses jambes, ses cuisses, ses mollets. Dans ses muscles en feu se concentrait la force herculéenne de tous les héros de la mythologie.

    Il venait de dépasser son campement. Il ne fléchissait pas, mû par une peur ancestrale, puissante. Il tourna la tête vers l'est, vers la crique. Il eut une pensée furtive pour les colosses qui avaient senti venir le danger. Ils avaient cherché à le prévenir mais lui n'avait pas compris leurs cris d'alerte. Comment aurait-il pu soupçonner une telle apothéose ? 

    Il arrivait au pied de la falaise, grise, immense. Infranchissable. Il allait sortir de la forêt quand la vague le rattrapa. Elle était là, elle attendait, suspendue au-dessus de ses frêles épaules, prête à l'engloutir. Quelques gouttes coulaient déjà le long de son dos quand, poussé par un ultime instinct de survie, il avisa un arbre vigoureux. Il se précipita vers l'écorce sombre et s'agrippa à une branche basse.

    Alors l'eau s'abattit sur lui. La vague géante l'écrasa sous son poids. Broyé par le Léviathan, il fut réduit à son état primaire. Aplati. Pulvérisé. Il n'était rien. Rien qu'une vie parmi des milliards d'autres à l'échelle de l'Univers. Une fourmi, un pou, un parasite. Un vulgaire amas de cellules. Un être humain naufragé sur une île. Seul.

    Sa tête heurta le tronc et il sombra dans le noir absolu.

     

    Ce texte m'a été inspiré par Rodden Eiland de Bouffanges, dont vous pouvez lire la critique ici.

    Je vous conseille de rejoindre le héros de cette histoire, Edouard Hythlodée, vétérinaire, chirurgien et poissard, sur cette île perdue du Pacifique où il tente de survivre en attendant les secours. Vous ne regretterez pas le voyage...

     


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    Il a six mois et commence à se tenir assis.

    Ça tangue un peu.

    Mais son regard porte plus loin.

    Il s'intéresse au monde extérieur.

    Saisit des objets, les observe, les repose.

    Ses gestes sont maladroits.

    Son babil est une musique douce, régulière.

    Les sons l'intriguent, les mots lui plaisent.

    Il élargit son horizon, il teste des goûts différents.

    Les visiteurs lui offrent leur attention et l'encouragent tacitement.

    Peu osent commenter ses progrès.

    C'est trop tôt, peut-être.

     

    Merci, dit l'auteur de ses jours. Vous êtes sept cents à être venus le voir.

    Et si on se donnait rendez-vous en décembre pour souffler la première bougie ?

    Restez présents et n'hésitez pas à participer, aimer, partager.

    Ce blog ainsi grâce à vous grandira.

    Il se nourrit de vos visites, de vos allers... et de vos retours.

     

    Tout simplement.

     


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    La crabe et la crevette

     

    Une crevette simplette

    S'échoua sur la plage.

    La mer fit ses bagages

    Abandonnant Huguette.

     

    Un crabe l'agressa :

    — Ici c'est mi casa

    Dégage la grisette !

    Et hop, un coup d'pincette !

     

    — Aïe ! cria Huguette.

    Ça va pas dans ta tête ?

    Je suis une touriste

    Pas une terroriste.

     

    — Dégage je te dis !

    Les grises comme toi,

    Y'en a trop par ici.

    C'est moi qui fais la loi !

     

    — Au secours, aidez-moi !

    Ce crabe qui est fou

    Veut me ruer de coups.

    — Fou, moi ? Regarde-toi.

     

    Il faut être barrée

    Pour rater la marée.

    J'attendrai jusqu'au soir.

    File dès qu'il fait noir.

     

    La mer revint chercher

    Son Huguette échouée

    Qui à la nuit tombée

    Aurait été tuée.

     

    Moralité

    On peut risquer sa vie

    En pays ennemi...

    Si voyager c'est bien

    Faut pas rater le train.

     

    Retrouvez toutes mes fables en cliquant sur ce mot-clé : fable

    Bonne lecture !

     


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