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Le hibou et la cigogne
Le hibou et la cigogne
Une nuit, un hibou qui chassait les souris
Traversa un marais et entendit un cri.
Survolant les roseaux sur un îlot il vit
Une cigogne échouée qui paraissait blessée.
Il se posa doucement pour ne pas l'effrayer :
« Demoiselle, qui êtes-vous et pourquoi donc ce cri ? »
La cigogne répondit qu'elle s'était égarée
En cherchant du paillis pour édifier son nid.
Voulant reprendre son vol une fois la nuit tombée,
Elle avait mal chuté et avait l'aile brisée.
Le hibou attiré et séduit malgré lui
Proposa à la belle un abri pour la nuit.
Un nid douillet au sol il lui confectionna
Lui promettant aussi d'apporter un repas.
Quand enfin il revint visiter son amie
Il la trouva souriante, en charmante compagnie :
Une mésange infirmière avait soigné son aile.
Le hibou remercia cette auxiliaire fidèle.
De ce jour, chaque nuit, cigogne et maître hibou
Bavardaient, échangeaient, pouvant parler de tout.
Le vieux sage admirait blanche oiselle en secret
Mais pensait que jamais elle ne pourrait l'aimer.
Belle et jeune, elle avait l'avenir devant elle.
Bientôt elle le quitterait et déploierait ses ailes
Pour retourner en ville où elle avait sa vie,
Retrouver ses amis et construire son nid.
Il était plus âgé et vivait en forêt.
Ses blanches plumes à lui indiquaient les années
Où il avait acquis maturité, sagesse
Et toute l'expérience qu'apporte la vieillesse.
Le jour tant redouté finit par arriver.
La cigogne s'envola le laissant esseulé.
Elle promit au hibou de revenir le voir
Lui donner des nouvelles sans faute avant l'été.
Maître hibou, cœur brisé, ne pouvait que la croire.
Il espérait garder au moins son amitié.
Il revint au marais sans cesse chaque soir,
Mais cigogne jamais n'apparut dans le noir.
Il apprit à l'automne, par la mésange amie,
Que la cigogne avait rencontré un mari,
Que dans son nid lointain elle était jeune mère
Et qu'elle venait de prendre son envol pour l'hiver.
Il savait que jamais il ne la reverrait
Mais qu'elle serait toujours au centre de sa vie.
Son cœur du même amour éternel brûlerait
Rien ne pourrait jamais éteindre l'incendie.
Moralité
L'amour peut se cacher au détour d'un chemin
Dans un regard, un mot, un sourire, un parfum,
Mais ne peut apporter le bonheur à chacun
Que s'il est partagé dans un désir commun.
Tags : poésie, fable
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