• "Une bonne intention"

    Voici mon dernier coup de cœur. A lire sans modération.

     

     

    Titre : Une bonne intention

    Autrice : Solène Bakowski

    Auto-édition - Juin 2017

     
    Présentation de l'auteur :

    Mati a neuf ans. Elle a perdu sa maman. Son père s’enlise dans le deuil et sa grand-mère s’efforce, à sa manière, de recoller les morceaux. Un soir, la petite ne rentre pas de l’école. On imagine le pire, évidemment. Comment croire que tout partait d’une bonne intention ?
     

     

    Le nouveau roman de Solène Bakowski nous offre, avec une ampleur et une acuité décuplées, le frisson gorgé d’amour qui a fait de son premier roman, Un Sac, un livre inoubliable.


    Mon avis :

    C'est un livre acheté par hasard, sur une librairie en ligne. Il était bien classé, la version numérique ne coûtait pas cher et la couverture m'intriguait : ce petit personnage perdu, cette pluie battante et ce titre décalé.

    Dans une banlieue sombre et déprimante, Mati et son père Nicolas tentent de survivre après le décès de Karine. Eliane, la grand-mère, s'occupe de sa petite-fille tout en respectant le chagrin de son fils, qui ne parvient pas à retrouver le goût de vivre. Un soir, Mati ne revient pas de l'école. Où est-elle passée ? Pourquoi y a-t-il des traces de sang dans la maison ? Que signifient les mots que l'enfant a tracés sur un papier : "Papa ne va pas bien ce soir" ? Nicolas a-t-il une responsabilité dans la disparition de sa fille ?
    Les questions se multiplient. Et les pages se tournent, sans pause, car on veut savoir ce qui est arrivé à l'enfant.

    Les thèmes abordés sont multiples, tristes et noirs : le deuil, le suicide, la différence, l'autisme, les secrets de famille, la dépression...  L'intrigue est construite comme un thriller. Malgré cela, ce livre dégage une douceur et une poésie insoupçonnables. L'auteur aime ses personnages et leur transmet force et fragilité à la fois. Certains sont détestables... certains suscitent l'empathie... aucun ne laisse le lecteur indifférent. Une mention spéciale pour le personnage de Mati : il n'est pas facile de transcrire les idées et émotions d'une enfant de 9 ans, traumatisée par la vie qui plus est, mais l'auteur a su trouver les mots et le ton justes. On s'attache à Mathilde et on souffre avec elle, vraiment, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.

    L'écriture est particulière. Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à ces phrases longues, au lexique parfois inhabituel. Mais j'ai ensuite apprécié ce style personnel, inimitable, qui ne manque pas de charme.

    C'était la première fois que je lisais Solène Bakowski mais ce ne sera pas la dernière. J'ai hâte de découvrir les autres livres de cette jeune plume indépendante.
     
     
    Citations :

    La vitesse, ce soir, ne grise rien, et défilent les habitations fonctionnelles, la zone commerciale abandonnée à ses clients trop rares, défilent les enseignes crépitantes et la détresse des travailleurs harassés, encore une journée de boulot sous-payée, les vitrines aveuglantes, les grappes de vieux, les grappes de jeunes. C'est étriqué par ici, les esprits comme les espoirs, il faudrait pouvoir défaire les ourlets.

    Quelle est leur destination ? En ont-ils seulement une ? Faut-il nécessairement suivre une direction pour avancer ? Monter des plans sur la comète, parier sur l'avenir... Ne peut-on juste être heureux ici et maintenant ? Profiter du moment présent, respirer l'air qui nous est donné d'absorber sans penser qu'un jour il nous sera compté ; se foutre éperdument du futur, n'avoir aucun espoir, n'en avoir pas besoin, prendre la vie pour ce qu'elle est, et l'aimer, l'aimer éperdument. C'est la chance de ces deux êtres paumés qu'un destin taquin a décidé de rapprocher. Ce sera leur perte, aussi.

    Décider de changer de chemin n'est pas anodin.

    Il n'aura pas eu un geste, lâcheté ordinaire de celui qui préfère s'en remettre aux circonstances, au hasard et aux coïncidences. Partisan de la langue tournée sept fois dans la bouche, adepte du silence d'or et fervent militant de l'indifférence comme plus grand des mépris, il s'interdit de réagir au quart de tour – et même au demi.
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