• "Né d'aucune femme"

     

     

    Titre : Né d'aucune femme

    Auteur : Franck Bouysse

    La Manufacture de livres - Novembre 2018

    336 pages

     

    Gabriel, curé de campagne, est appelé pour bénir le corps d'une femme dans un asile. Il découvre alors les carnets d'un journal intime, qui recèlent l'histoire manuscrite de Rose. Vendue par son père à l'âge de 14 ans à un maître de forge, Rose est emmenée dans le sombre château où il vit isolé avec sa vieille mère.

    Un peu déstabilisée par les premiers chapitres, ne sachant où j'allais arriver, j'ai découvert avec Gabriel les carnets de Rose et je n'ai plus lâché ma lecture. L'univers inquiétant des Forges, le domaine où va vivre la jeune fille, est digne des plus grands contes.

     

    On pense au Petit Poucet, à Peau d'Âne, à la Barbe-Bleue... Les figures du diable, de la vieille sorcière, du chevalier se dressant contre les forces du mal semblent avoir inspiré cette histoire lugubre et fascinante. Si Rose n'a rien d'une princesse, elle traverse les épreuves avec la fierté d'une reine, et conserve une part d'innocence, une saine curiosité et un appétit de vivre qui la rendent attachante.

    Ce roman se lit comme un thriller. Une fois la dernière page achevée, j'ai eu envie de le relire, pour comprendre comment j'avais pu passer à côté d'indices essentiels. La construction du récit est magistrale. Quant à l'écriture... Les phrases sont des bijoux de précision, une dentelle de mots tracée par une plume mêlant l'horreur et la poésie, le noir et le rouge, la monstruosité de l'âme humaine et la beauté de la nature.

    Merci à l'auteur pour ce coup de cœur, lu en janvier 2020.

    Il y a bien longtemps que je n'avais découvert une telle pépite, un de ces romans qui me font dire dans un soupir : "Ah, comme j'aimerais l'avoir écrit !"

     

    Comme on se réveille dans l'oubli, on s'endort dans les souvenirs.

     

    Nous n'avons rien à espérer du passé. Ce sont les hommes seuls qui ont eu l'audace d'inventer le temps, d'en faire des cloisons pour leur vie. Pas un seul ne peut vivre assez longtemps pour se croire exister, pas un seul n'est en mesure de saisir la vie quand elle le traverse, et je suis trop lucide pour ne pas désespérer de n'y être jamais parvenu. Seul le passé nous travaille le corps. Il finit toujours par remonter à la surface, comme un bouchon en liège privé de lest. Les légendes qui l'encombrent sont le fruit de grandes passions, de grands rêves, et d'incommensurables souffrances ; tout cela et rien de plus que cela. Les légendes, elles vieillissent, se délitent avec nous, se recomposent avec d'autres, à l'infini.

     

    À quoi bon pas vouloir rejoindre cette éternité qui me tend les bras. Tout ce qui faisait de moi quelqu'un, même pas bien important, m'a été retiré. À quoi bon continuer de vivre quand on n'a plus d'espoir dans rien, quand on est devenu un fantôme qui sait qu'il en est un.

     

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