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    Le lapin et l'escargot

     

    A la croisée des chemins

    S'arrêta un blanc lapin.

    Devant lui quatre sentiers

    Dans la forêt s'enfonçaient.

     

    Où aller de bon matin ?

    S'interrogeait le lapin.

    Il n'aimait faire des choix

    Manquant de confiance en soi.

     

    Un escargot doucement

    Près de lui se faufila.

    Le voyant si hésitant

    Son aide lui proposa :

     

    — Où veux-tu aller l'ami ?

    Pourquoi restes-tu ici ?

    — Je veux refaire ma vie

    Découvrir d'autres pays,

     

    Lui répondit le lapin

    S'exprimant d'un air chagrin.

    J'ai avancé jusqu'ici

    Sans hésiter, sans un cri.

     

    Il me semble maintenant

    Qu'il faut aller de l'avant.

    Mais j'ai peur de me tromper

    Je pourrais le regretter.

     

    — Tu as la chance d'avoir

    Quatre destins pour ce soir.

    Choisir n'est jamais facile

    Mais renoncer est habile.

     

    Envisage les options.

    Regarde les solutions.

    Supprime les négatives.

    Choisis tes alternatives.

     

    — Escargot, que dis-tu là ?

    Je ne te demande pas

    Mystère et confusion

    Mais sage décision.

     

    Dis-moi quelle voie choisir :

    Vers la mine d'or, l'empire,

    La montagne ou la vallée,

    Pour exercer quel métier ?

     

    L'escargot le regarda.

    Aucun mot ne prononça.

    Sagement il attendit.

    Et le lapin réfléchit.

     

     — Tu as raison de te taire.

    Je dois être téméraire. 

    Je vais choisir la vallée

    Où mes pas vont me porter.

     

    Et si je doute de moi

    Je repenserai à toi,

    A tes conseils avisés

    Et aux cartes étalées.

     

    C'est moi qui les ai mêlées

    Et qui les ai écartées,

    En gardant dans une main

    La couleur du lendemain.

     

    Je sais enfin grâce à toi

    Que je peux faire des choix,

    Et toujours y revenir

    Pour changer mon avenir.

     

    Le mollusque lui sourit :

    — C'est le rôle d'un ami

    De te guider sans jamais

    A ta place décider.

     

    Moralité

    En étant accompagné

    Chacun peut seul décider

    Du chemin qui est le sien

    Pour orienter son destin.


     


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    Le hérisson et le corbeau

     

    Un hérisson avait trouvé

    Deux petits œufs tombés du nid.

    Il s'apprêtait à les manger

    Quand un corbeau fondit sur lui.

     

    — Eh l'ami, si on partageait ?

    demanda le noir animal.

    D'un œil gourmand il regardait

    Les deux petits trésors ovales.

     

    Hérisson sur la défensive

    Cherchait moyen de refuser.

    Il avait une faim très vive

    Et ne voulait donc rien céder.

     

    Ne sachant comment exprimer

    Un refus ferme au corbillat,

    Il décida de protéger

    Son butin et de rester coi.

     

    Sur lui-même il se replia

    Et sur les deux œufs se plaça.

    Puis attendit sans dire un mot

    Que parte le jeune corbeau.

     

    Hérisson enroulé tremblait

    Espérant qu'il s'en sortirait.

    Corbeau coléreux croassa.

    De son grand bec il menaça :

     

    — Je te retrouverai, crois-moi

    Dans cette vie ou au-delà.

    Je te laisse pour cette fois.

    Et furieux il s'envola.

     

    Hérisson mangea seul ses œufs

    Et leur trouva un goût amer.

    Il n'avait pas été bien preux.

    Il n'aurait jamais dû se taire.

    S'effacer devant l'ennemi

    N'est pas ce qu'il avait appris.

     

    Le jeune corbeau en colère 

    Garda rancune aux hérissons : 

    Quand il en voyait un à terre 

    Mort écrasé sur le goudron 

    Il lui picorait les viscères

    En repensant à cet affront.

     

    Moralité

    Il est simple de s'écraser

    De laisser l'orage passer...

    Mais exprimer ouvertement

    Un refus ou un jugement

    Est essentiel pour garder

    Courage, estime et dignité.

     


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  • En cherchant une image pour illustrer mon article, j'ai découvert que La Fontaine avait écrit une fable avec un souriceau, un coq et un chat. Le souriceau y apprend qu'il faut se méfier des apparences : du chat doux et gentil qui lui ressemble ou du coq hautain et agressif si différent de lui, le plus dangereux n'est pas celui qu'il croit...

     

    Le coq et la souris

     


    Un coq dans la basse-cour se pavanait.

    Une souris de son abri l'admirait.

    Elle espérait que le beau volatile

    Une plume dorée en souvenir lui donnerait.

    Depuis des jours elle n'osait s'approcher,

    Quand vint le moment de se rendre utile.

     

    Le coq se prit les pattes dans un filet.

    En vain il chercha à s'en échapper :

    Plus il bougeait, plus les liens se serraient.

    Les poules caquetantes ne pouvaient l'aider.

    Dans les mailles, le coq se trouva noyé

    Des pattes jusqu'au cou, prêt à s'étrangler.

     

    Souris arriva pour le secourir.

    L'orgueilleux, la toisant, se mit à rire :

    — Tu es minuscule, ridicule, fluette.

    Je sortirai seul de ce piège, t'inquiète.

    — Puisque c'est ainsi débrouille-toi sans moi.

    Je vais regarder de loin tes exploits.

     

    Le coq toute la nuit sans fin batailla.

    Au petit matin, il était bien las.

    — Souris viens m'aider, j'ai besoin de toi !

    — J'attends des excuses, je ne bouge pas.

    — C'est hors de question. M'excuser pourquoi ?

    Je n'ai dit que la vérité sur toi.

     

    Voyant que jamais il ne céderait

    La souris laissa le coq emmêlé.

    On a besoin d'un plus petit que soi

    Aurait dit le lion qui était un roi.

    Le coq refusa toujours de le dire

    Et dans son filet finit par mourir.

     

     

    Moralité

    Tout être puissant, fier et vaniteux,

    Entouré de faibles, de doux, de peureux,

    Doit accepter l'aide qu'ils peuvent apporter.

    Chacun dans le monde a un rôle à jouer.

     


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  • — Bon, Cindy, tu es prête ? On y va ? me demande Papa.

    Je monte dans la voiture. J'avoue n'avoir pas bien compris où nous allons. Ça leur a pris comme ça : il faisait beau, il fallait sortir, prendre l'air et le soleil. Pfff... Je serais bien restée à la maison, moi.

    La voiture roule, roule. Quand est-ce qu'on arrive ? J'en ai marre.

    — Les enfants, nous voici arrivés à Ouistreham. Tout le monde descend !

    Oui-quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce patelin encore ?

    Tiens, tiens, je sens une délicieuse odeur. Sucre et beurre... Qu'est-ce que ça peut être ?

    — Papa, papa, on peut avoir une gaufre au chocolat ? demande Julie.

    — Ah non, moi je préfère une crêpe au sucre, rétorque Stéphane.

    — Bon, OK, allons-y.

    Les enfants dévorent leur goûter rapidement :  ils sont pressés d'aller voir plus loin. Nous avançons sur un chemin bitumé, bizarrement parsemé de grains de sable. Je prends conscience qu'il y a un bruit étrange qui ne cesse de bourdonner dans mes oreilles. Comme un grondement sourd, régulier. Qu'est-ce que c'est ?

    — Cindy, tu restes près de moi, hein.

    Julie ne semble pas trop rassurée. On dirait qu'elle a peur que nous nous perdions de vue.

    Mais qu'y a-t-il donc derrière ces drôles de cabanes en bois ? Nous croisons beaucoup de monde, plusieurs chiens en laisse de toutes tailles, de toutes couleurs et de tous poils. Certains semblent mouillés. Je ne sais pas pourquoi.

    Soudain, après avoir dépassé la dernière cabane, un spectacle exceptionnel se présente à moi. Je suis éblouie. Je n'ai jamais vu autant d'eau ! Qu'est-ce donc ? Une baignoire géante ? Si c'est cela, autant faire demi-tour tout de suite. Je déteste qu'on me plonge de force dans la baignoire pour prendre un bain ! Le savon me pique les yeux. J'essaie à chaque fois de me sauver, mais je n'y parviens pas car Papa me tient solidement. Quand le supplice est terminé, il m'enveloppe dans une serviette et me laisse enfin sortir de la salle de bain et courir à l'autre bout de la maison.

    Les enfants marchent maintenant dans le sable. Ils avancent vers l'eau. Les grains d'abord doux et soyeux deviennent bientôt humides et collants. Beurk ! Finalement, ils posent leurs sacs, enlèvent leurs chaussures et presque tous leurs vêtements et se précipitent en courant vers l'eau de la grande baignoire. Julie m'appelle.

    — Viens, Cindy, on va nager !

    Je cours derrière elle. J'adore courir et c'est vrai qu'ici, on ne peut pas dire que ça manque de place. Je peux m'en donner à cœur joie. Je galope à droite, à gauche. Je vois parfois de gros oiseaux gris posés sur le sable. Quand je m'approche, ils s'envolent. C'est rigolo !

    Et puis, le moment tant redouté arrive. J'ai les pattes dans l'eau. Julie me regarde en souriant et m'encourage.

    — Avance, Cindy. Tu vas voir, on va bien s'amuser. Tu n'as pas à avoir peur. Tous les chiens savent nager !

    Elle a raison. Je réussis à franchir un passage difficile, où l'eau bouge, monte et m'arrose complètement.

    — Avance, ce n'est rien. Juste quelques vagues.

    Un peu plus loin, l'eau devient enfin plate. Je ne sens plus le sol. Je suis Julie en agitant mes pattes et j'arrive à avancer. Quelle sensation étrange ! Je suis mouillée mais je me sens légère. Ce n'est pas désagréable. L'eau a un goût bizarre. Mais je m'amuse bien. Les enfants sont ravis de jouer avec moi. Je nage vers Julie. Elle me prend dans ses bras quelques secondes pour que je me repose. Puis elle me remet dans l'eau, et je file vers Stéphane, qui me soulève à son tour. Papa est là aussi.

    Bientôt, il me prend dans ses bras pour me ramener sur la terre ferme. Car mes forces commencent à m'abandonner. Je tremble comme une feuille. Et j'ai soif, si soif. Papa a apporté mon bol, heureusement, et me verse de l'eau sortie d'une bouteille. Je me désaltère à grands coups de langue.

    Au retour, je m'endors dans la voiture, épuisée par cette première grande sortie en famille à la plage.

     

    Texte écrit en 30 minutes chrono pour le premier exercice du MOOC  : Raconter un souvenir d'enfance du point de vue de quelqu'un d'autre. Voir ici : MOOC #1.

     


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  • Le hibou et la cigogne

     

    Le hibou et la cigogne

     

    Une nuit, un hibou qui chassait les souris

    Traversa un marais et entendit un cri.

    Survolant les roseaux sur un îlot il vit

    Une cigogne échouée qui paraissait blessée.

     

    Il se posa doucement pour ne pas l'effrayer :

    « Demoiselle, qui êtes-vous et pourquoi donc ce cri ? »

    La cigogne répondit qu'elle s'était égarée

    En cherchant du paillis pour édifier son nid.

    Voulant reprendre son vol une fois la nuit tombée,

    Elle avait mal chuté et avait l'aile brisée.

    Le hibou attiré et séduit malgré lui

    Proposa à la belle un abri pour la nuit.

    Un nid douillet au sol il lui confectionna

    Lui promettant aussi d'apporter un repas.

     

    Quand enfin il revint visiter son amie

    Il la trouva souriante, en charmante compagnie :

    Une mésange infirmière avait soigné son aile.

    Le hibou remercia cette auxiliaire fidèle.

     

    De ce jour, chaque nuit, cigogne et maître hibou

    Bavardaient, échangeaient, pouvant parler de tout.

    Le vieux sage admirait blanche oiselle en secret

    Mais pensait que jamais elle ne pourrait l'aimer.

    Belle et jeune, elle avait l'avenir devant elle.

    Bientôt elle le quitterait et déploierait ses ailes

    Pour retourner en ville où elle avait sa vie,

    Retrouver ses amis et construire son nid.

    Il était plus âgé et vivait en forêt.

    Ses blanches plumes à lui indiquaient les années

    Où il avait acquis maturité, sagesse

    Et toute l'expérience qu'apporte la vieillesse.

     

    Le jour tant redouté finit par arriver.

    La cigogne s'envola le laissant esseulé.

    Elle promit au hibou de revenir le voir

    Lui donner des nouvelles sans faute avant l'été.

    Maître hibou, cœur brisé, ne pouvait que la croire.

    Il espérait garder au moins son amitié.

     

    Il revint au marais sans cesse chaque soir,

    Mais cigogne jamais n'apparut dans le noir.

    Il apprit à l'automne, par la mésange amie,

    Que la cigogne avait rencontré un mari,

    Que dans son nid lointain elle était jeune mère

    Et qu'elle venait de prendre son envol pour l'hiver.

     

    Il savait que jamais il ne la reverrait

    Mais qu'elle serait toujours au centre de sa vie.

    Son cœur du même amour éternel brûlerait

    Rien ne pourrait jamais éteindre l'incendie.

     

    Moralité

    L'amour peut se cacher au détour d'un chemin

    Dans un regard, un mot, un sourire, un  parfum,

    Mais ne peut apporter le bonheur à chacun

    Que s'il est partagé dans un désir commun.

     


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