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    La biche et l'écureuil

     

    Une biche traînait dans un bois isolé

    Elle semblait perdue, avançait sans savoir

    Où ses pas incertains la feraient divaguer.

    Sur sa face triste pesait un masque noir.

     

    Au détour d'un chemin, un écureuil gris

    Qui ramassait des glands fut soudain bien surpris

    De croiser son regard tout embué de larmes.

    Il voulut connaître la nature du drame.

     

    — Madame, mais qui donc fait pleurer vos beaux yeux ?

    Est-ce là le tableau d'un chagrin amoureux ?

    Vous devriez rentrer vite en votre logis

    Car le loup tous les soirs s'en vient rôder ici.

     

    La biche émue d'une telle compassion

    Regarda cet intrus en train de lui sourire

    Comme il avait l'air doux et plein d'attention

    Dans un dernier sanglot, elle parvint à dire :

     

    — Un loup, dites-vous ? Tiens, il y en a encore ?

    Je croyais qu'à la chasse, ils étaient enfin morts.

    Aucun loup, mon ami, ne peut plus m'inquiéter

    Aux plaisirs de la vie je ne veux plus goûter.

     

    — Y a-t-il, madame, une raison précise

    A cette mélancolie qui vous tétanise ?

    — J'ai perdu mon enfant parti vivre sa vie.

    Plongé dans ses projets, chaque jour il m'oublie.

     

    L'écureuil comprit tout le poids de sa peine.

    Il tenta gentiment de sauver cette reine :

    — Il faut de l'ennemi, madame, vous garder.

    Vous devez sans délai de lui vous abriter.

     

    C'est un loup bien malin qui toujours réussit

    A échapper aux hommes et à leurs fusils.

    Il aime la chair et les atouts féminins

    Si vous voulez mourir, reportez à demain.

     

    A ces mots, dans le bois, apparut un loup blanc.

    Effrayée la biche eut réflexe de survie.

    Elle courut tout droit, jusqu'à épuisement.

    Rassasié le fauve jamais ne la suivit.

     

    Arrivée à bon port, elle avait à l'esprit

    Les mots de l'écureuil qui l'avait sauvée.

    Même si son enfant s'était d'elle éloigné,

    Elle allait redonner des couleurs à sa vie. 

     

    Moralité

    Dans les moments sombres où le cœur broie du noir

    Un regard ou un mot peuvent sauver une âme

    Réveiller une envie, raviver une flamme,

    Étouffer les soucis pour redonner l'espoir.

     

    Cette fable est en ligne sur short édition.

    Si vous l'aimez, vous pouvez voter pour elle. Merci !

     


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  • A tous ceux qui souffrent, même l'été.

     

    C'était le jour de mes 31 ans. Vous étiez beaux, gais, innocents. Les roses que vous étiez allé acheter chez le fleuriste avec votre papa ornaient le centre de la table. Elles étaient rouges, couleur du bonheur.

    Quand j'ai soufflé les bougies plantées sur la tarte aux pommes, mon dessert préféré, vous étiez près de moi. Vos petites bouches aux dents de lait se sont arrondies pour m'aider. Ensemble, nous y avons mis du cœur et nous avons éteint les flammes. En souriant, nous avons posé pour la photo, pour fixer à jamais ces instants de complicité.

    J'étais heureuse en ce jour d'anniversaire. Vous étiez nés, vous étiez là. Mes amours que j'avais tant désirés, mes enfants que j'aime tant.

     

     

    Pourtant, dans mon regard, un voile presque imperceptible s'était glissé.

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    Les deux grenouilles

     

    Une grenouille verte sortit de l'étang

    Elle se prélassa seule au soleil couchant

    — Bientôt les vacances ! se dit-elle en baillant

    Je vais pouvoir partir, voyager simplement.

     

    Verte était heureuse de sa liberté.

    Jeune et célibataire, elle aimait l'aventure

    Les rencontres d'un soir, fêtes et nuits hachées

    Théâtre, festivals, vernissages et culture.

     

    Mais la vie n'avait pas été gaie cette année.

    Verte avait bien souffert de son corps abîmé.

    Examens, traitements, elle avait affrontés

    Calme, sans se plaindre, pour ne pas déranger.

     

    Elle avait pour amie depuis sa tendre enfance

    Une belle rousse qui peu lui ressemblait :

    Elle vivait en famille et n'avait pas la chance

    De pouvoir chaque jour sortir et s'amuser.

     

    Était-ce jalousie ou bien manque de temps ?

    Rousse ne s'intéressait jamais à sa santé.

    Elle ne remarquait pas son silence souriant.

    A une vie légère elle l'avait associée.

     

    Ce soir-là quand Rousse arriva sur la rive

    Elle était agitée, parlait d'une voix vive,

    Heureuse de pouvoir annoncer à tout-va

    Le succès de têtard au baccalauréat.

     

    Verte regardait Rousse et ne l'écoutait pas.

    Elle la laissait sans fin débiter son babil

    Enfants, jardinage, déco et petits plats,

    Comment pouvait-on vivre en étant si futile ?

     

    Rousse parlait toujours. Puis elle lui demanda : 

    — Un caviar de crapaud, tu penses que ça plaira ?

    Têtard sera heureux de te voir samedi

    Pour fêter son diplôme et sa nouvelle vie.

     

    Verte n'en pouvant plus leva les yeux au ciel,

    Lança « Bonnes vacances » et disparut dans l'eau.

    Pourquoi était-elle donc restée ainsi fidèle

    A cette mère poule centrée sur son ego ?

     

    Moralité :

    Au bonheur apparent, il ne faut pas se fier

    Celui qui semble libre a besoin d'amitié

    C'est en lui accordant une attention sincère

    Qu'on révèle une faille ou une douleur amère.

     

    Retrouvez mes autres fables en cliquant sur fable dans le nuage de mots.

    Sur l'entraide et l'amitié, vous pouvez lire : Le coq et la souris.

     


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  • Aujourd'hui, j'ai vidé mon cartable. Je l'ai rangé dans un placard, à l'abri de la poussière, où il va sagement attendre la rentrée.

    Sur la table en verre du séjour, j'ai arrangé dans un vase les bouquets de fleurs qu'ils m'ont offerts. Et j'ai relu leurs petits mots.

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    La crabe et la crevette

     

    Une crevette simplette

    S'échoua sur la plage.

    La mer fit ses bagages

    Abandonnant Huguette.

     

    Un crabe l'agressa :

    — Ici c'est mi casa

    Dégage la grisette !

    Et hop, un coup d'pincette !

     

    — Aïe ! cria Huguette.

    Ça va pas dans ta tête ?

    Je suis une touriste

    Pas une terroriste.

     

    — Dégage je te dis !

    Les grises comme toi,

    Y'en a trop par ici.

    C'est moi qui fais la loi !

     

    — Au secours, aidez-moi !

    Ce crabe qui est fou

    Veut me ruer de coups.

    — Fou, moi ? Regarde-toi.

     

    Il faut être barrée

    Pour rater la marée.

    J'attendrai jusqu'au soir.

    File dès qu'il fait noir.

     

    La mer revint chercher

    Son Huguette échouée

    Qui à la nuit tombée

    Aurait été tuée.

     

    Moralité

    On peut risquer sa vie

    En pays ennemi...

    Si voyager c'est bien

    Faut pas rater le train.

     

    Retrouvez toutes mes fables en cliquant sur ce mot-clé : fable

    Bonne lecture !

     


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