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Le loup et la brebis
Le loup et la brebis
Dans un vaste pré couvert de rosée
Des moutons gourmands broutaient l'herbe verte
Sous l’œil fatigué d'un chien de berger
Qui surveillait peu la prairie ouverte.
Tapi dans l'ombre du bois à cent mètres
Un loup derrière un tronc dissimulé
Observait avec un vif intérêt
Les ovidés fort occupés à paître.
Une brebis du troupeau s'écarta
Et du loup naïvement approcha.
Sous le regard luisant de convoitise
Elle marmonna contre sa bêtise.
Le prédateur la fixait, immobile,
Laissant le désir doucement monter.
— Messire, allez-vous bientôt me manger ?
Balbutia l'égarée fort docile.
— Messire, dis-tu ? rit le prédateur
Tu parles bien et cela est flatteur.
Je te laisserai poursuivre ta vie
Si tu berces à nouveau mon ouïe.
— Comme il vous plaira, joli damoiseau
Vous trouverez là, dans ce grand troupeau
La viande tendre de doux agnelets
Pour ravir votre délicat palais.
Le loup silencieux, la détaillant,
S'attarda sur ses courbes longuement.
Puis il ajouta l'air intéressé :
- Je n'apprécie pas les agneaux de lait.
Ma préférence, j'ose l'avouer,
Est pour les fessiers bien développés.
Tourne-toi donc pour que je vérifie
Tes jambons qui me semblent bien petits.
La brebis fit volte-face et s'enfuit
Sans se retourner, loin de l'ennemi.
Il la regarda partir sans regret
Jugeant son postérieur maigrelet.
Lorsque son estomac lui rappela
Que venait de s'échapper son repas
Il se jura de toujours dévorer
Toutes les proies sans les évaluer.
Moralité
Mieux vaut saisir les opportunités
Qui se présentent à soi le matin,
Plutôt que d'espérer des qualités
Qui charment l'œil mais ne nourrissent point.
Image : Josh Felise sur Unsplash
Tags : fable, poésie
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