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       Héloïse avançait d'un pas solennel. Le cœur serré, elle gravissait lentement la légère pente qui menait au massif, en goûtant la caresse du gazon sur ses chevilles et la fraîcheur du sol sous ses pieds nus.

        Les couleurs chatoyantes des fleurs l'accueillirent. Le printemps éclatait là, en touches roses, parmes, fuschia... Si le nom des plantes échappait d'habitude à sa mémoire, celui-ci y resterait à jamais gravé : des azalées, avait-il dit.

       La pelouse s'arrêtait en une ligne nette, frontière du parterre fleuri. Héloïse s'agenouilla. D'une main tremblante, elle écarta le feuillage de l'arbuste le plus proche. Elle sourit, soulagée. Il était là. Leur « arbrillon », comme il l'avait surnommé. 

        C'était une pousse frêle, cachée dans ce massif isolé des passants, au fond du jardin des plantes. Un tronc menu sur lequel s'étageaient trois brindilles. Héloïse admira la charpente ciselée. L'arbre avait vaillamment survécu à l'hiver. Quand les frimas l'avaient recouvert de cristaux nacrés, quand le gel avait glacé sa fragile écorce, il avait résisté, fier et droit. Le soleil printanier avait réveillé sa croissance.Timides bourgeons effilés, feuilles délicates, parure vert tendre. Il grandissait, épanoui.

        En août, c'est Oscar qui l'avait repéré :
    — Tu as vu le petit hêtre au pied des azalées ? Il est bien mignon, cet arbrillon !

        Héloïse laissa son esprit voguer au gré des images du bonheur passé. Le déjeuner sur l'herbe, un jeu de corps-à-corps, mille baisers parfumés...

       Oscar n'était plus là.
    Sur un écran de larmes, l'arbrillon dansa pour elle.

     


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